AKAA 2025: Présences invisibles, mémoires vivantes
Du 23 au 26 octobre 2025, à l’occasion du 10e anniversaire d’AKAA, la Galerie CHRISTOPHE PERSON présente les œuvres de trois artistes : Thiémoko Claude Diarra, Ghizlane Sahli et Nyaba Léon Ouédraogo, dont les univers singuliers interrogent la présence de l’animisme.
À travers des médiums aussi variés que la photographie, le dessin aux pigments de terre, la peinture ou la sculpture textile, leurs pratiques ne se limitent pas à convoquer des traditions ancestrales. Elles révèlent combien l’animisme demeure un langage vivant, en résonance avec la création contemporaine.
Le photographe burkinabé Nyaba Léon Ouedraogo avec sa série “Le sacré : l’Homme, l’animal et le végétal”, porte un regard sur les crocodiles et renvoie à la place essentielle que cet animal occupe dans les traditions et la culture locale. Vénéré comme un animal totémique et sacré, il incarne les ancêtres et les esprits protecteurs. Que se passerait-il si demain ces mares se tarissaient ? Si les Crocodiles n’étaient plus là ?
Ghizlane Sahli, elle, raconte un périple intérieur et organique, porté par une dimension universelle. Avec l’aide des techniques ancestrales et du savoir-faire des femmes artisanes qui l’entourent, elle développe ses oeuvres contemporaines en jouant avec les matières, les échelles et les volumes. Elles créent ensemble des broderies tridimensionnelles, à partir des déchets récoltés par l’artiste, dont elle extrait ce qu’elle nomme «l’alvéole». L'alvéole, déchet plastique recouvert de fils de soie, est la particule élémentaire du travail de Ghizlane Sahli. Elle est l’atome qui constitue la substance, la cellule dont l’accumulation et la prolifération créent l’œuvre.
Thiémoko Claude Diarra, enfin, à travers ses dessins en pigments naturels et ses peintures sur tapisseries anciennes, explore un dialogue entre tradition et modernité, figuration et abstraction. En utilisant de pigments de terre, il tisse une filiation avec les pratiques ancestrales de l’animisme africain, en particulier celles du Bogolan et du Boli en Afrique. Ces terres naturelles deviennent les médiums d’une transmission, où la matière brute dialogue avec les forces invisibles du sacré.
En réunissant ces trois démarches singulières, l’exposition propose une traversée sensible où l’animisme apparaît non pas comme une survivance du passé, mais comme une force active qui irrigue la création et le quotidien. Entre visible et invisible, les œuvres de Ghizlane Sahli, Nyaba Léon Ouédraogo et Thiémoko Claude Diarra rappellent que le sacré continue de nourrir nos imaginaires et d’éclairer notre rapport au monde.