Raymond Tsham République démocratique du Congo, b. 1963

Assis dans son atelier face à la lumière naturelle, Raymond Tsham esquisse la composition au crayon noir puis hachure les volumes patiemment au stylo à bille. Les bords de chaque tableau évoquent les lisérés textiles réguliers des pagnes et les fonds offrent un foisonnement de figures en harmonie avec la composition centrale.
 
Bien qu’il existe plusieurs adeptes de la technique du stylo à bille, Tsham est le seul à en avoir la maitrise. Un vocabulaire artistique propre et singulier revient régulièrement, donnant une précision à son travail mais il parvient aussi à renouveler son style avec des combinaisons toujours plus originales Excellent dessinateur, Tsham réanime les chefs d’œuvre africains, leur fait quitter les vitrines des musées pour courir, s’asseoir, parler, interroger, entrer en interaction, se camper dans des compositions originales, au fond et au cadre soignés et codés. Il n’hésite pas à paraphraser Matisse ou Brancusi, à confronter l’art hiératique et sacré de l’Afrique noire à l’univers populaire de Disney. Création souvent anonyme et sublime, la sculpture traditionnelle s’impose. Ses volumes, sa coiffure, son esthétique unique correspondent à des codes, à des exigences politiques et sacrées au service des d'un empire
ou d'un royaume.
 
Tsham associe patrimoine et humour avec brio. Les sculptures s’animent et invoquent, se concertent sur la place d’un village, s’unissent à d’autres cultures. Le plasticien ouvre la porte à de multiples réflexions et refuse tous préjugés et toute moralisation. Cet ambassadeur de l’art africain véhicule au travers de ses œuvres des valeurs humanistes qui incitent le public à apprécier la diversité d’expression, le dialogue culturel, le patrimoine d’ici et d’ailleurs et le dialogue des cultures.