Thiémoko Claude Diarra inscrit son travail dans une exploration contemporaine de l’animisme, où les formes, les matières et les symboles dialoguent avec les esprits et les mythes ancestraux.
À travers une approche qui mêle abstraction et figuration, il crée des oeuvres habitées par des forces invisibles, où le geste pictural devient un rituel de réactivation du sacré. Son travail tourne autour de l’utilisation de pigments de terre qui lui permet de faire une filiation avec les pratiques ancestrales de l’animisme africain, en particulier celles du Bogolan et du Boli en Afrique. Ces terres naturelles deviennent les médiums d’une transmission, où la matière brute dialogue avec les forces invisibles du sacré.
Né à Bruxelles en 1974, Thiemoko Claude Diarra a vécu dix années à Bamako. Fils d’un sculpteur Bambara et d’une infirmière belge, il se situe au croisement de deux héritages : celui de l’art sacré et symbolique de ses ancêtres et celui de la rationalité médicale et scientifique hérité de sa mère.
Cette double filiation traverse son œuvre, qui interroge les frontières entre visible et invisible, mémoire rituelle et image contemporaine, forme et effacement.
Diarra développe une pratique qu’il qualifie d’infigurée : un état de l’image où la figuration
est volontairement altérée. Ces images, il ne les détourne pas, il les désenveloppe pour
révéler une charge symbolique latente. À partir de gravures, tapisseries et lithographies
anciennes, il élabore un langage visuel fait de pigments de terre. Sa palette graphique se
compose de formes flottantes - bulles, masses, halos - évoquant à la fois les formes
du Boli bambara (masse rituelle entre informe et sacré) et les bulla vanitas des peintures
flamandes du 16e siècle.
Sa peinture agit comme un rite de recomposition, une tentative de traduire plastiquement ce qui, dans le monde contemporain, échappe à la perception mais reste agissant. Dans sa démarche picturale il ne reproduit pas le visible, il l’incarne. C’est un lien ininterrompu entre la terre, le corps et l’esprit.