Dans un monde marqué par une urbanisation galopante et une migration rurale-urbainemassive, les espaces péri-urbains des grandes métropoles, notamment africaines, se transforment à une vitesse vertigineuse. Ces territoires, situés à la lisière des villes, accueillent une population jeune en quête d'opportunités, mais sont souvent caractérisés par des infrastructures insuffisantes et une économie informelle. À la jonction entre ville et campagne, ces zones se retrouvent sous pression, entre développement, adaptation sociale, et défis écologiques. C'est dans ces zones en tension que s'installent de nouvelles dynamiques sociales et économiques, façonnant des environnements urbains à la fois précaires et remplis d’opportunités.
L’exposition présentée dans le cadre du OFF de la Biennale de Dakar, du 9 au 11 novembre 2024, s’inscrit dans cette réalité complexe. Elle pose un regard artistique sur ces espaces en pleine mutation, souvent perçus comme des lieux de transition, mais qui deviennent, pour des millions d’individus, des lieux de vie à part entière. Les œuvres présentées ici interrogent la trajectoire des habitants de ces périphéries : d’où viennent-ils et où se dirigent-ils ? Comment s’adaptent- ils à ces espaces hybrides et changeants, tout en cherchant à maintenir un lien avec leurs racines ?
Le philosophe et urbaniste Thierry Paquot, dont la réflexion a nourri cette exposition, évoque la « course à la grossitude » des villes modernes. Il critique l'idée que la ville, en s’agrandissant toujours plus, devient l’unique lieu où se concentrent les possibilités de travail, de logement et de relations sociales. Mais cette croissance effrénée entraîne également une standardisation des espaces péri-urbains, effaçant leur spécificité locale et les transformant en zones anonymes, déconnectées des rythmes naturels de la vie.
Loin de cette uniformisation, l'exposition invite à imaginer des milieux péri-urbains pluriels et
modulables, capables de répondre aux désirs et aux trajectoires de chacun. À travers un dialogue entre différentes pratiques artistiques — peinture, dessin, photographie, textile sur toile — les artistes réinterprètent ces espaces, révélant leur potentiel à devenir des lieux de création, d'interactions humaines et de réinvention urbaine.
En faisant dialoguer différents médiums et en s'appuyant sur des théories critiques, l’exposition cherche à redonner aux espaces péri-urbains une place centrale dans notre compréhension des dynamiques urbaines et sociales contemporaines. Ces lieux, trop souvent perçus comme des territoires en attente ou en transition, apparaissent ici comme des foyers de créativité, de résilience et d’hybridité culturelle.